Sensibilisation des chercheurs·ses à l’intervention dans les médias : retour sur notre première atelier à l’ICM

Le 12 mai dernier, Désinfox-Migrations a organisé sa première rencontre de media training avec des fellows de l’Institut Convergences Migrations. Après présentation de l’association et de ses actions par Perin Emel Yavuz, présidente de Désinfox-Migrations (DM), et Barbara Joannon, spécialiste migrations et asile et consultante pour l’association, Charlotte Recoquillon, chercheuse, journaliste et également consultante pour l’association, a proposé une introduction au media training. L’objectif était de sensibiliser les chercheurs·ses aux différents aspects de leurs interventions dans les médias et de répondre à leurs questions sur le fonctionnement des médias et de la relation aux journalistes.

Journalistes et chercheurs·ses : des contraintes différentes mais des besoins complémentaires 

Lorsqu’ils sollicitent des chercheurs·ses, les journalistes ont des attentes fortes en termes de pédagogie et d’accessibilité des propos, mais également en termes de diversité des profils qu’ils mobilisent (femmes, minorités ethniques et religieuses, régions hors-Île-de-France…). Quant aux chercheurs·ses et aux universitaires, ils et elles exploitent de plus en plus les médias pour acquérir de la visibilité et valoriser leurs travaux. La rencontre entre journalistes et chercheurs·ses se fait donc dans ce contexte de besoins complémentaires mais pas toujours bien identifiés de part et d’autre.

Autre point soulevé : les freins rencontrés par les chercheurs·ses pour intervenir dans les médias. Le manque de légitimité est un argument qui revient assez souvent dans les refus des chercheurs·ses à répondre à une sollicitation média. Être confronté au regard de ses collègues peut être difficile car un passage médiatique peut impliquer d’empiéter sur leurs sujets de recherche. C’est aussi difficile pour les chercheuses d’intervenir dans les médias, certaines refusant, au contraire de leurs homologues masculins, de s’éloigner de leur spécialité. Le besoin d’adapter son discours, notamment en le simplifiant, peut être un autre frein à l’intervention médiatique. Mais traiter un sujet sensible ou adapter son discours au public du média est un exercice que les chercheurs·ses pratiquent déjà au quotidien lorsqu’ils et elles enseignent, interviennent dans des conférences ou rédigent des articles pour des revues dont les angles peuvent être divers. Le temps parfois limité entre la prise de contact et l’intervention est aussi quelque chose de difficile. En effet, souvent, les journalistes doivent produire leur sujet en quelques heures seulement. La réactivité et la disponibilité sont donc cruciales pour se préparer dans des délais aussi courts.

Quelques conseils pratiques à destination des chercheurs·ses pour aborder au mieux
un futur passage dans les médias

Préparer son intervention permet de diminuer le stress. Plusieurs moyens y contribuent, à commencer par apprendre à connaître le contexte d’intervention. Cela passe par se renseigner sur le support du média (télé, radio, presse, entretien ou citation, direct ou différé, etc.), sur l’espace réservé (temps de parole, autres invités etc.) mais aussi sur les aspects logistiques et pratiques (heure d’arrivée attendue, maquillage prévu sur place, code vestimentaire, taxi prévu ou pas, etc.). Comme tout autre exercice, intervenir dans les médias s’apprend et c’est en le répétant, et en se trompant parfois, que l’aisance se trouve.

Au moment de l’intervention, il est important de centrer son propos sur le message à faire passer et de l’adapter en fonction du public ciblé. Pour un propos plus efficace, il est préférable de ne pas se perdre dans les détails et les chiffres. De plus, il est nécessaire de garder la main sur ses propos. Pour cela, anticiper les questions difficiles et savoir recentrer son propos lorsque la conversation dérive sont de bons moyens de réussir un passage médiatique. Dans le cas d’une intervention filmée, il faut également garder à l’esprit le rôle du non-verbal et réfléchir à sa posture, son regard ou sa tenue.

Si cette introduction au media training visait avant tout à aborder les interventions audiovisuelles et les interviews, il a aussi été question de la rédaction de tribunes dans les médias. À l’initiative des auteurs·trices, elle nécessite de comprendre les logiques du média à qui on la propose, en termes de ligne éditoriale ou d’actualité par exemple.

Cette introduction n’était qu’un prélude à ce que proposera Désinfox-Migrations aux chercheurs·ses à l’automne 2022 : pour participer à nos futurs media trainings, n’hésitez pas à nous contacter : medias.desinfoxmigrations@gmail.com.