Immigration : « Il est urgent de remettre de la raison et du débat démocratique dans le traitement des questions de migration »


A l’initiative de l’association Désinfox-Migrations, 400 scientifiques, parmi lesquels François Héran, Catherine Wihtol de Wenden et Perin Emel Yavuz, appellent, dans une tribune au « Monde », à une convention citoyenne sur la migration afin de permettre la tenue d’un débat public informé.

Les chercheurs de toutes les disciplines sont d’accord : il n’y a pas de submersion migratoire, les régularisations et les sauvetages en mer n’ont jamais provoqué d’« appel d’air » et le grand remplacement de la population française est un mythe. Sociologues, politistes, économistes, juristes, démographes, géographes, historiens et philosophes sont unanimes sur ces questions. Malgré leurs efforts pour se faire entendre, les scientifiques se désolent de voir les résultats de la recherche ignorés ou détournés dans les débats publics et les discours politiques.

Selon l’ONU, les migrations augmentent dans le monde. Mais, avec 281 millions de migrants internationaux en 2020, ces derniers représentent moins de 4 % de la population mondiale. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas davantage d’arrivées dans les pays développés ; les flux migratoires vers les pays du Sud global sont équivalents quantitativement.

Classée 77e en 2020 en part d’immigrants dans sa population, la France est loin derrière les pays de la péninsule Arabique, le Luxembourg, la Suisse, le Canada, l’Australie ou encore les Etats-Unis. Pourtant, la France a été une terre d’immigration et elle compte aujourd’hui 10 % d’immigrés, dont une partie de nationalité française. Nous sommes également un pays d’émigration avec 2,5 millions de Français vivant à l’étranger.

Les spécialistes des migrations partagent un constat : les perceptions des phénomènes migratoires sont souvent erronées. Plusieurs études ont démontré que le grand public surévalue le nombre de personnes étrangères par rapport à la réalité des chiffres. En revanche, l’indice de tolérance à l’égard des minorités, établi chaque année par la Commission nationale consultative des droits de l’homme, nous apprend qu’en France les préjugés reculent et que la tolérance à l’autre gagne du terrain. La politisation à outrance des questions de migration et d’intégration biaise aussi nos représentations. Créer un espace serein et informé de débat démocratique pourrait permettre d’échapper à l’instrumentalisation politique des questions migratoires.

Les citoyens méritent mieux

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Immigration : l’appel des scientifiques pour une Convention citoyenne sur la migration - Signataires